11

UNE MARCHE DANS LE PASSÉ

D’abord, ces noms m’ont rappelé mon enfance. Kale. Fratter. Grise. Semaines. Parfois la Compagnie les avait servis, et d’autres fois combattus. Les paysages changeaient, le climat se faisait plus chaud et les villes plus dispersées. Et puis les noms se sont confondus aux légendes et aux mémoires des annales. Lasse. Raxle. Frêle. Nab et Nod. Nous sommes sortis du périmètre de toutes les cartes que j’avais pu étudier, nous avons traversé des villes que je ne connaissais que par les annales et où seul Qu’un-Œil avait déjà mis les pieds. Boros. Teries. Viege. Ha-jah.

Et nous cheminions, toujours cap au sud, grignotant ce qui n’était encore que le premier tronçon de notre périple. Les corbeaux suivaient.

Nous avons enrôlé quatre nouvelles recrues, des gardes de caravane professionnels d’une tribu appelée les Roïs. J’ai commencé à monter une escouade pour Murgen. Ça ne l’emballait pas. La fonction de porte-étendard lui suffisait – d’autant qu’il caressait l’espoir de reprendre le flambeau d’annaliste car ma double fonction de capitaine et médecin me prenait déjà beaucoup de temps. Je n’osais pas le décourager. La seule alternative comme remplaçant, c’était Qu’un-Œil. Or il n’était guère digne de confiance.

Toujours plus au sud, et nous n’avions pas encore atteint le pays d’origine de Qu’un-Œil, les jungles de D’loc-Aloc.

Qu’un-Œil jurait que jamais dans sa vie, en dehors de la Compagnie, il n’avait entendu prononcer le nom de Khatovar. Ça devait se trouver aux confins du monde.

Il y a des limites à ce que la faible chair peut endurer. Ces longues étapes nous usaient. Le carrosse blindé noir et le chariot de Madame attiraient l’attention des brigands et celle des princes (des bandits d’une autre sorte). La plupart du temps, Gobelin et Qu’un-Œil nous tiraient d’embarras par des coups de bluff. À défaut, nous les faisions décamper en leur inspirant de la terreur pour des motifs plus sérieux. Sur tout un tronçon, la magie n’opérait plus.

Si ces deux-là avaient appris quelque chose pendant leurs années avec la Compagnie, c’était bien l’art d’en mettre plein la vue. Quand ils composaient une illusion, on pouvait sentir son haleine fétide à vingt mètres.

J’aurais aimé qu’ils évitent de gaspiller autant leurs talents pour se chamailler.

J’ai décidé qu’il était temps de prendre quelques jours de repos. Nous avions besoin de retrouver un peu du dynamisme de notre jeunesse.

Qu’un-Œil a proposé : « Il y a un établissement, plus loin au bord de la route, qui s’appelle le Temple des Asiles. On y accueille les vagabonds. Et ce depuis deux mille ans. Ce serait idéal pour faire une halte et mener quelques recherches.

— Des recherches ?

— Deux mille ans de récits de voyageurs, ça représente une sacrée bibliothèque, Toubib. Et un récit, c’est la seule chose qu’ils exigent en paiement. »

Il me prenait par mon point faible. Il a grimacé un sourire entendu. Le vieux filou me connaissait trop bien. Rien d’autre n’aurait pu aussi efficacement tempérer ma hâte de rejoindre Khatovar.

J’ai fait passer la consigne. Et j’ai lancé à Qu’un-Œil un regard narquois. « Prépare-toi à abattre du boulot.

— Hein ?

— Qui va se taper la traduction, à ton avis ? »

Il a grommelé et roulé de l’œil. « Quand vais-je donc apprendre à fermer ma grande gueule ? »

 

Le Temple se présentait sous la forme d’un monastère légèrement fortifié coiffant une colline basse. La lumière de cette fin d’après-midi le mordorait. La forêt au-delà et les champs qui s’étalaient à son abord composaient des taches d’un vert très sombre. Ce site respirait la sérénité.

Quand nous sommes entrés, une sensation de bien-être nous a tous envahis, comme si, enfin, nous rentrions à la maison. J’ai regardé Madame. Tout ce que je ressentais se lisait aussi sur son visage et cela m’est allé droit au cœur.

 

« Je pourrais prendre ma retraite ici », ai-je dit à Madame deux jours après notre arrivée. Propres pour la première fois depuis des mois, nous déambulions dans un jardin dont jamais aucun conflit n’avait troublé la quiétude, à part les querelles des moineaux.

Elle m’a adressé un mince sourire et m’a épargné tout commentaire sur la nature illusoire des rêves.

Ce monastère, en tous points, s’avérait un havre idéal. Confortable. Calme. Isolé des maux du monde. Et enrichissant. J’aurais pu me lancer dans des études historiques pour étancher ma soif de savoir ce qui s’était passé jadis.

Plus que tout, il m’offrait un répit dans mes responsabilités. Chaque homme ajouté à la Compagnie semblait doubler le fardeau de mon travail pour nourrir tout le monde, veiller à la santé et à la sécurité de chacun.

« Les corbeaux, ai-je murmuré.

— Quoi ?

— Où que nous soyons, il y a des corbeaux. Peut-être que je ne les remarque que depuis quelques mois. Mais partout où nous allons, j’en vois. Et je n’arrive pas à me débarrasser de l’impression qu’ils nous observent. »

Madame m’a adressé un regard perplexe.

« Regarde. Rien que là-haut, dans cet acacia. Deux, perchés comme des épouvantails de malheur. »

Elle a regardé l’arbre, puis s’est retournée vers moi. « Je ne vois qu’un couple de tourterelles.

— Mais…» L’un des corbeaux a pris son essor et s’est éloigné du monastère à tire-d’aile. « Ce n’était pas un…

— Toubib ! » Qu’un-Œil, au mépris de toute bienséance, traversait le jardin au pas de charge, effrayant les oiseaux et les écureuils.

« Hé ! Toubib ! Devine ce que j’ai trouvé ! Des copies des annales datant de notre passage ici, quand on remontait vers le nord ! »

Bien. Ouh, et comment ! Mon vieux cerveau fatigué peinait pour trouver les mots adéquats. Excitation ? Certainement. Jubilation ? Vous pouvez le croire. Ce fut presque de la jouissance. Mon esprit s’emballait comme devant une beauté répondant à mes avances.

Plusieurs volumes anciens des annales avaient été perdus ou abîmés au fil des années. Il en était certains que je n’avais jamais vus, que je pensais n’avoir aucune chance de consulter un jour.

« Où ? ai-je haleté.

— Dans la bibliothèque. L’un des moines pensait que tu serais peut-être intéressé. Je ne me rappelais pas que nous les avions laissées ici en remontant vers le nord, mais il faut dire que je me contrebalançais de la question, à l’époque. Tam-Tam et moi, on était trop occupés à couvrir les arrières.

— Ça se pourrait, que je sois intéressé, ça se pourrait. » J’ai réagi en vrai goujat : j’ai planté là Madame en bredouillant : « Excuse-moi. »

Un excès d’enthousiasme sans doute.

Je me suis vraiment senti minable quand j’ai pris du recul sur ma conduite.

 

Pour lire ces documents, il fallait s’y mettre à plusieurs. Ils avaient été copiés dans une langue que nul n’employait plus à part les moines du Temple. Ces moines et moi ne connaissions aucune langue commune. Alors notre lecteur les a traduits dans la langue maternelle de Qu’un-Œil, lequel me les a retraduits.

Ce qui passait ce tamis avait l’air bigrement intéressant.

Ils détenaient un exemplaire du Livre de Choe, qui avait été détruit cinquante ans avant que je m’engage et dont on n’avait réécrit que des fragments. Et le Livre de Te-Lare, dont je ne connaissais l’existence qu’au travers d’une référence sibylline dans un des volumes suivants. Le Livre de Skete, auparavant inconnu. Et encore une douzaine d’autres, tous aussi précieux. Mais pas de Livre de la Compagnie. Ni de Premier ou Second Livre d’Odrich. Ceux-là étaient les trois légendaires premiers volumes des annales contenant nos mythes fondateurs, auxquels il était fait allusion dans les ouvrages ultérieurs, mais dont on avait perdu toute trace au terme du premier siècle d’existence de la Compagnie.

Le Livre de Te-Lare explique pourquoi.

C’était à cause d’une bataille.

Toujours, une bataille venait en explication.

Mouvement, fracas des armes. Une ponctuation de plus dans la longue histoire de la Compagnie noire.

Au cours de celle-là, la ligue qui avait embauché nos frères d’armes s’était débandée sous le choc de la première charge ennemie. Ils avaient détalé si vite que la Compagnie s’était retrouvée seule avant d’avoir compris ce qui se passait. Elle avait néanmoins réussi à se replier dans son campement retranché. Pendant le siège qui s’était ensuivi, l’ennemi avait pénétré dans le camp à plusieurs reprises. Lors d’un de ces coups de main, les volumes en question avaient disparu. L’annaliste et son suppléant avaient été tués. Les Livres n’avaient pas pu être réécrits de mémoire.

Bon, parfait. Je ne demandais qu’à voir tout cela plus en détail.

Les Livres à disposition exposaient le trajet qui nous attendait, et ce jusqu’à la bordure des cartes en possession des moines, lesquelles descendaient presque à l’Antre des Dragons. Encore un siècle et demi de pérégrinations d’antan à étudier. Retracer ce parcours nous donnerait l’occasion, du moins l’espérais-je, de trouver une carte où figurerait notre destination.

Dès qu’il s’est avéré que nous avions mis dans le mille, j’ai déballé mon matériel d’écriture et un volume vierge des annales. J’écrivais aussi vite que Qu’un-Œil et le moine traduisaient.

Le temps a filé. Un moine a apporté des bougies. Puis une main s’est posée sur mon épaule. Madame m’a demandé : « Tu veux faire une pause ? Je peux prendre le relais un moment. »

Pendant trente secondes, j’en suis resté coi, le rouge aux joues. Elle me proposait de l’aide alors que je l’avais proprement laissée tomber. Au soir d’une journée pendant laquelle je n’avais pas songé à elle un seul instant. Elle a ajouté : « Je comprends. »

Peut-être était-ce vrai. Elle avait lu à plusieurs reprises les différents Livres de Toubib – ou, ainsi que la postérité les retiendra peut-être, les Livres du Nord.

 

Avec Murgen et Madame pour me dicter, la traduction avançait tambour battant. Notre seule limite, c’était l’endurance de Qu’un-Œil.

Tout cela n’a pas été sans contrepartie. J’ai dû échanger mes annales les plus récentes contre leurs reliques. Madame a facilité la négociation en divulguant quelques centaines d’anecdotes à propos du sombre empire du Nord, mais les moines n’ont jamais fait le rapprochement entre notre Madame et la reine maléfique.

Qu’un-Œil est un vieux briscard coriace. Il a tenu le rythme. Quatre jours après sa grande découverte, le boulot était terminé.

J’avais mis Murgen sur le coup, et il s’acquittait d’ailleurs bien de sa tâche. Il m’a fallu quémander et monnayer quatre livres vierges pour qu’on puisse tout retranscrire.

 

Madame et moi avons repris notre promenade à peu près où nous l’avions laissée, sauf que j’étais un peu plus morose.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » m’a-t-elle grondé, après quoi, à ma grande surprise, elle m’a demandé si je souffrais de tristesse postcoïtale. Une petite mise en boîte au passage.

« Non. J’ai juste découvert un tas de choses à propos de la Compagnie. Mais sans rien apprendre de véritablement nouveau. »

Elle comprenait mais a gardé le silence et m’a laissé m’épancher.

« C’est raconté de centaines de façons différentes, mal ou bien, selon le style de chaque annaliste, mais à part quelques détails intéressants de-ci delà, ça se résume toujours au sempiternel récit des marches, contremarches, combats, célébrations ou déroutes, décompte des morts et, tôt ou tard, règlement de comptes avec le commanditaire qui a manqué à sa parole. Y compris dans cette région au nom imprononçable où la Compagnie a servi pendant cinquante-cinq ans.

— Gea-Xle. » Ça lui coulait de la bouche comme si elle avait travaillé l’accent.

« Ouais. Là-bas. Où le contrat a duré si longtemps que la Compagnie en avait presque perdu son identité, à force de mariages avec les femmes du cru et ce qui s’ensuit. Elle avait pour ainsi dire acquis un statut de garde héréditaire : on se transmettait les armes de père en fils. Mais comme toujours, l’indigence morale des soi-disant princes a fini par resurgir au grand jour et quelqu’un a essayé de nous rouler. Il s’est fait égorger et la Compagnie a repris la route.

— Tu as lu ce que tu as bien voulu, Toubib. »

Je l’ai regardée. Elle se moquait gentiment de moi.

« Mouais. Bah. » Certes, cette version était un peu simpliste. En réalité, un prince avait bel et bien tenté de duper nos frères d’armes de jadis, et il s’était fait liquider. Mais la Compagnie, après avoir intronisé une nouvelle dynastie conciliante et reconnaissante, était demeurée quelques années sur place avant que le capitaine, piqué par on ne sait quelle mouche, décide de partir à la chasse au trésor.

« Ça ne te dérange pas de commander un ramassis de tueurs à gages ? m’a-t-elle demandé.

— Parfois, ai-je admis, évitant le piège qu’elle me tendait. Mais on n’a jamais fait faux bond à nos employeurs. » Pas tout à fait vrai. « Ou disons que, tôt ou tard, tous nos employeurs nous ont fait une crasse.

— Y compris ceux qui t’ont employé, toi ?

— Un de tes satrapes t’a damé le pion. Mais à un moment ou un autre, nous serions devenus moins indispensables et tu aurais commencé à chercher un moyen de nous sacquer au lieu de mettre honorablement un terme à notre contrat, en nous payant.

— C’est ça que j’adore chez toi, Toubib. Ton inébranlable foi en l’humanité.

— Absolument, ai-je grogné. Chaque once de mon cynisme repose sur un exemple historique.

— Tu sais t’y prendre pour faire fondre une femme, tu sais ça, Toubib ?

— Hon ? » Une brillante repartie de plus à mettre à mon actif.

« J’étais venue avec la vague intention de te séduire. Curieusement, ce projet m’a passé. »

Eh bien voilà. Comment gâcher une ouverture en beauté.

 

Certains tronçons de la muraille d’enceinte du monastère comportaient un chemin de ronde. Je suis monté à l’angle nord-est, j’ai posé les coudes sur le parapet et contemplé le chemin que nous avions emprunté pour venir.

Je me suis occupé l’esprit en geignant sur mon sort. Tous les deux cents ans, ce genre d’élucubrations produit un résultat perspicace.

Les saletés de corbeaux pullulaient comme jamais. Il devait y en avoir une bonne vingtaine, maintenant. Je les ai insultés et, je le jure, ils se sont moqués de moi. Quand je leur ai lancé un débris de moellon, ils ont tous pris leur essor et sont partis vers…

« Gobelin ! » Il musardait dans les parages, à mon avis pour me surveiller, au cas j’aurais eu des pulsions suicidaires.

« Ouais.

— Préviens Qu’un-Œil et Madame, et rappliquez ici en vitesse. » Je me suis retourné pour observer dans la pente ce qui venait de capter mon attention.

Elle s’était brusquement immobilisée, mais indéniablement c’était la silhouette d’un homme. Il était vêtu d’un long manteau si noir qu’à le regarder on avait l’impression de contempler un trou dans le tissu du réel. Il tenait contre la hanche un objet de la taille d’une boîte à chapeau, calé sous son bras droit qui pendait mollement. Les corbeaux ont voleté autour de lui, à vingt ou trente, se disputant le privilège de se percher sur son épaule. La scène se déroulait à plus de trois cents mètres, mais je sentais son regard sous sa capuche, et de son visage invisible émanait la chaleur d’un fourneau.

Les autres sont arrivés, Gobelin et Qu’un-Œil aussi chamailleurs qu’à l’accoutumée. Madame a demandé : « Qu’est-ce qui se passe ?

— Jetez un coup d’œil là-bas. »

Ils ont regardé. Gobelin a couiné : « Ben quoi ?

— Quoi ? Qu’est-ce que tu veux dire, quoi ?

— Qu’est-ce qu’il y a d’intéressant dans un vieux chicot d’arbre et une nuée d’oiseaux ? »

J’ai regardé de nouveau. Mince ! Une grande souche… Comme je scrutais attentivement, j’ai entrevu un miroitement et la forme noire m’est apparue de nouveau. J’ai frissonné.

« Toubib ? » C’était Madame, elle était toujours furieuse contre moi, mais néanmoins inquiète.

« Ce n’est rien. Mes yeux me jouent des tours. J’ai cru voir ce fichu tronc bouger. Laissez tomber. »

Ils s’en sont tenus à cette explication et sont retournés vaquer à leurs occupations. En les regardant s’éloigner, je me suis pris à douter de mes propres sens.

Alors j’ai fini par observer de nouveau.

La bande de corbeaux s’éloignait, hormis deux qui volaient tout droit vers moi. Et le tronc clopinait à flanc de colline comme s’il avait l’intention de faire le tour du monastère.

J’ai marmotté un peu entre mes dents, sans réussir à me rassurer.

 

J’aurais voulu m’accorder quelques jours encore pour que le Temple continue d’appliquer sur moi son baume, mais le lendemain cent cinquante ans de voyage tambourinaient dans mon crâne. Plus question de repos, maintenant. J’avais trop la bougeotte, ne serait-ce que pour m’asseoir. J’ai annoncé mes intentions. Et personne n’a regimbé. J’ai obtenu en réponse des hochements de tête approbateurs, voire soulagés.

Allons bon ?

Je me suis posé un moment pour m’extraire de moi-même où j’avais passé récemment beaucoup de temps à épousseter le vieux mobilier. Sans guère prêter attention aux autres.

Eux aussi étaient impatients.

Il y avait quelque chose dans l’air. Et ce quelque chose nous soufflait qu’il était temps de reprendre la route.

Même les moines paraissaient pressés de nous voir partir. Curieux.

Ceux qui sauvent leur peau dans le métier des armes sont ceux qui écoutent ce genre de sentiments, même quand ils ont l’air incongrus. Tu sens qu’il vaut mieux bouger, tu bouges. Tu restes sur place et tu te fais descendre, il ne sera plus temps de pleurnicher que c’est trop bête.

 

Jeux d'Ombres
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